Poiétique

Textes à paraître dans un futur ouvrage intitulé Essai pas transformé

* Larmes comme alarme

Étrange comme elle me vient si souvent

L’envie de pleurer

Je suis sujet à l’émotion pure et dure

Me sens assujéti à la coulée douce amère

De ce liquide un peu salé exfiltré de mes paupières

Aveu de faiblesse?

Non non! Jouissance libérée brute

D’un plaisir de nécessité immédiate

Des larmes comme alarme sans frontière

Hors champ contre champ au mitan de l’écran

Expression express d’un manque cruel

D’une existence jouée au bilboquet

Dedans dehors gagné perdu j t’embrouille

Vouée à d’inévitables carence

D’un statut de pauvre danseur de corde

Assumé au forceps depuis la naissance

Vigilant

Larmes bonnes manières d’alarme

Drôle de jeu

Défi tout singulier

Robert Latxague

* Enna

Telle une pelote lancée vive en trinquet

Jamais ne vient à revenir

À retomber

À rebondir qui sait

Evanescente improbable

Evadée entre les murs

Effacée du regard

Sans crier gare

Des pupilles perdues

En dérisoire essuie-glace

Tels s’en vont mes mots

Telles glissent mes phrases

En terre inconnue

Accrochés plein vent

Au fil lâche d’une matière vide

Aller simple vain retour

Sans atour ni détour

Pr!vé de la scintillante cible

Invisible dans la sombritude

De ton regard brouillard

Drôle de je glace sans tain

Carte lancée en silence

Dans le flou d’un tu qui tue

Poker menteur à figures mises à nu

Je suis tu passes nous dépasse

Faut-il que je m’en souvienne

Comme d’une cicatrice pleine

A mille lieux d’une paume froide

De ta part des anges devenue diable

J’invoque pourquoi pas Guillaume Apollinaire

…Les jours s’en vont je demeure…

Sur le tapis vert des sentiments

Je relance contre les maux

Les miens de mots de tournures à vif

Espoir maintenu à main nue

Envoyés dans l’espérance

D’effets fous de murs en glisse

De si jouissifs carambolages

Un jour une nuit quzas quizas quizas

À nouveau viendra le partage

Paire ou full aux As

Enfant de la balle j’aurai trinqué

Robert Latxague

* A love suprême

Souffle souffle avec beaucoup plus de fffffff…

Du fond d’une colonne d’air cuivré

Insufflé fort et beau à la fois

À la folie douce

Trane !

Ce pourrait figurer tout aussi bien un oxymore

Monstrueuse beauté

D’une pareille mélodie à vif exposée

En chantier permanent enfantée enchantée enchâssée

À pénétrer profondément nos pores

Extasié comme on tomberait sur le filon d’une mine d’or

Espoir exploit de l’inexploité jusque là tenez

Justaucorps en écho apprêté au plus juste à l’âme

De fond en comble d’une spiritualité qui plane

Qui sonne tellement tellurique

Tellement ! Vrai

Robert Latxague

* JR on the air

De terre

De pierre

De sable

De roc

Fait

Il va court vole

Sous un souffle continu jailli du bon vent mot vrai

With ce sang chaud qui marque le tempo

Dans ses tempes par tous les temps

Veine ou déveine qu’importe ! d’une vie courue coeur battant

Depuis sa giclée des langes du berceau d’Oran

Passé sans grade par les mille marches du romain Théâtre de Vienne

Bondi dans l’Y grec grenoblois Isère Drac Gresivaudan

Grimpé au summum des Vercors Chartreuse et autre Belledonne

JR et ses JO divers sans cesse recommencés

Pour à Monte Carlo improbable Sisyphe escalader le Rocher

Comme dans une arène toujours au mitan du ruedo

En conquête en reconquista

Cherchant la bête noire lustrée ou la note bleue qui sait

Flamenco puro d’un versant et blues de l’autre côté

Gitano de Triana chantant dos à dos du pied noir de Memphis

Qui jazz aime le suive

La voix la radio la scène son rideau ses micros son studio

Chevalier sans armure à la figure peu triste

Papillon de nuit en métamorphose d’enfant sauvage

En quête de bonne heure de sa bonne image

Docteur JR et Mister Wild

Avant son saut de l’ange en Méditerranée

D’aucuns ont entendu son murmure à mots feutrés

En mille et un échos répercutés

En mode d’ultime secret

« Je reviendrai..reviendrai..revien…re… j..r…»

Robert Latxague

J’entends, je vois, je pense de concert

Des notes en cascades

Des kyrielles de son

Des mouvements des gestuelles

Qui riaient et elles y sont

Les musiciens les magiciens

Au masculin au féminin

Jouent

Chantent

Et dans le même temps

Je projette j’imagine je fouille je transbahute je transmute

Des news derrière la tête accumulées en accidents de vie

Des images stroboscopées de la nuit en fond de l’oeil

Des envies de sucre du matin collées au palais

Et du désir quand la nuit s’en vient

Avec dans la bouche le sel de la terre

Ta langue vogue sur le creux de mes reins

Cap au sud vers les rias du bas du dos d’airain

Et ce refrain qui m’obsède de ce frère Jcques

« Ne te retourne pas… »

Dis va jusqu’au bout que je m’arqueboute

Dans le show je sens du chaud bouillant

Saxophone au son rauque

Et derrière, lancée en tapis roulant ces caisses

Ces peaux frappées, caressées, étirées dans le bal

De roulements rutilants

Je projette j’imagine je farfouille je transporte je crapahute

Ma mère pas mon père mon frère et ma soeur

Que deviennent-ils et pourquoi ils m’habitent ?

Des sujets de vie passée puis des projets d’avenir

Que serais-je sans toi ?

Ou que sera sera ?

Voyager oui, bien sur, mais à quel prix, quelle date, quelle destination ?

C’est dur de partir et de tout laisser

Cette drôle d’idée de tout foutre en l’air

Pour se réinvestir se réinventer

Tiens mais dis-donc c’est mon N + 1 là, au premier rang

Ce con il aime le funk à présent

Sans penser pour autant à me filer une augmentation

À la va comme je te trousse

Super le beat introduit baguette retournée sur la charleston fermée

Faut que je pense à racheter du rhum et des citrons verts

Incroyable cette façon de tirer les cordes aiguës sur le haut du manche

Cette guitare pue le blues à plein nez

Il le sent son solo le salaud

Tellement à l’aise dans les passages d’accords

Avec la basse qui le renifle comme un chien d’arrêt

Je projette j’imagine je farfouille je récupère je catapulte

Ah tiens des bécasses faut que j’en demande à mon cousin Jean

Je les ferais cuire à la ficelle pour mon pote Bernardo

Me reste deux ou trois Côtes Roties

Vous l’avez déjà joué ce thème les gars cet été à Jazz à Venne

Je reconnais l’intro en déroulé main gauche sur le clavier

Pour un unisson perfecto avec le grave des cordes de la contrebasse

Vous ne me la ferai pas à moi vieilles canailles

Elle ne m’a pas appelé tantôt

On devait se retrouver au resto en haut de la citadelle

J’ai adoré celle de Bonifacio

Quel putain de son ces glissandos de velours dans le médium grave

De la clarinette basse quel effet de moelleux j’oui

J’ai joui d’un plaisir illico: celui que m’a jeté sa silhouette en approche

Sur le paseo de la Concha à San Sebastian

Valse lente moulée en une robe couleur fauve

Qui dansait au rythme de ses longues jambes

En fin fuselage de folie douce

D’où les sort-il ces arpèges polychromes lui le pianiste

Qui toujours s’en tire à son avantage

Les femmes doivent l’adorer

Les maris le haĪr pour imprimer tant de vertige

Au bout de tels jeux de mains libérées jusqu’a l’ivresse

J’aurais aimé être lui et je suis moi

Il me reste les mots plus le parfum évanescent de l’émoi

Je projette j’imagine j’enquête je trifouille Je saisis je balance

Je dois rendre ce papier demain sans faute

Je ne le sens qu’à demi

Faut vraiment que je relise mes notes

Que je trouve l’histoire le point d’ancrage

L’histoire…celle de Louis au téléphone tout à l’heure

M’a donné des sueurs froides

L’accident de son gamin, la moto dans le ravin, le casque explosé…

Putain, la chance quand même ça compte au final…

Explosion tiens, mais quel solo incroyable !

Avant il la faisait chanter sa batterie là d’un coup d’un seul

Il la canonise, jets de fusée et boum! feu d’artifice

On ne voit plus ses bras, imagine ses mains, silhouette hachurée

En kaléidoscope grave

Dur dur un truc pareil à raconter…

Robert Latxague

Napoli pour être au net

Ses voix ses accents en chanté parlé qui montent du pavé cru

Ces ruelles entremêlées entrelardées par centaine par milliers

Coulées douces coulées folles collées aux réalités couleurs

Des mythes survivants au présent de la Méditerranée

Litanies de têtes qui montent qui descendent

Des formes oblongues de la cité collinaire

Dans une absolue nécessité de vivre le moment présent

A pieds à deux à quatre roues surgies d’on ne sait-s-où

Flot torrentiel de pastas de pizzas prêt à se faire engloutir

Par cent gueules ouvertes à la fois en grottes jusque’à la glotte

Tir d’appétit à balle réelle résurgence de désir enfoui

Du goût de l’appétence crue en prélude à la jouissance du palais

On sent pouvoir se cacher le sens on devine les rictus mode invictus

Sur les faces cicatrisées sous couvre chef sous l’armée de crânes casqués

Tant de mouvement perpétuel tant de victuailles offertes à même le pavé

Doit s’exercer en sous main en chair chaux vive sous la peau une bataille

Des nefs des autels de la pierre des marbres de l’or comme s’il en pleuvait

Dans ce désordre ces surplus ces empilements toujours perce l’élégance

Ville monument creuset d’Histoire à s’en faire péter les musées

Le quidam passant sans souci s’étourdit de telles beautés antagonistes

Port ouvert en bout de botte entre vieux continent îles et Afrique en sud

Baie superbe sous la poitrine généreuse et volcanique du Vésuve

Terre et mer en jonction serrée tellurique au parfum d’amour dionysiaque

Tes effluves douces sous lumière fluorescente feraient oublier Maffia ma foi

Robert Latxague

: Mille et mille concerts, et qui ? Et quoi ? Et après ?