Chroniques CD Claude Tchamitchian

Claude Tchamitchian Trio

Naïri (Emouvance)

Claude Tchamitchinan (basse), Pierrick Hardy (guitare), Catherine Delaunay (clarinette)

C’est bien d’entendre. Un bassiste au travail, doté d’un telle permanence du son au naturel. C’est un plaisir que d’écouter. Un trio de personnalités distinctes parcourir ensemble des chemins de notes originaux parsemés de surprises. Car il est question ici de lignes, de directions pas forcément genrées, données ou plutôt offertes à l’écoute. Offertes, oui, comme découverte à peine la route musicale s’est-elle ouverte ( Suite 1) Dans une temporalité immédiate attachée à cette musique en ce qu’elle attire. Elle séduit (Les Caresses du temps) au gré d’unissons déjà, imprégnés à deux ou a trois.

Ainsi le trio, visiblement, recherche-t-il une certaine prégnance de la mélodie comme l’on imprime la marque d’une conversation suivie (Les Sarmates) Sans pour autant rejeter le renfort possible, en intrusion, en pochette surprise d’une ponctuation forte porteuse de relief, d’interjections, de scansion, bref de ruptures et même jaillissements quitte à évoquer le cri. Claude Tchamitchian habile faiseur de tonalités génère les bases (les basses) en notes clairement identifiables sous ses doigts. Ou en effet d’amplitude sous l’imprimatur de l’archet. Catherine Delaunay, timbre joliment boisé, dans ce lot d’échange verbaux pose le souffle en guise d’accent plutôt aigu. La guitare, troisième élément dans l’échange, porte davantage sur l’accord que sur le désaccord (Les héros perdus) Si l’on cherchait du côté de l’histoire, dans des titres de chapitres de référence sonore liés au jazz poussé jusque à ses frontières, on pourrait trouver en ombre portée Charlie Haden, Jimy Giuffre ou Jacques DiDonato, Egberto Gismonti ou même Philippe Mouratoglou

Pourtant sur ce Naïri c’est bien d’un acte de création qu’il s’agit. Sur le mode d’une complicité/complémentarité instrumentale affichée eu égard au thème donc aux personnalités choisies à cet effet (Armenia) A un tel degré d’inspiration -écriture ou improvisation peu importe la manière- l’état de lyrisme ainsi atteint, le ressenti quant au travail sur le son, marquent une qualité de langage, une originalité certaine dans le récit musical ordonné. Une (inter)action innervée de poésie proche de celle exprimée via Zéno Bianu et André Velter « une vibration nous porte et les mots frissonnent, galopent, swinguent au devant de nous… c’est codé aléatoire exact au rendez vous qui n’a pas été pris…» (in : La poésie à vivre, Folio)

Robert Latxague

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