70’s: voulez-vous que je vous dise ?

Fallait -il le faire ? Comme une marque du temps, une borne ou un simple épisode festif ? Inviter les amis pour se retrouver, partager un moment de plaisirs. Est-ce là la marque d’un besoin essentiel ou la marque du poinçon de la nostalgie ? Fallait-il le conjuguer au passé pas si simple ou le voir, le vivre totalement au présent ? À ce type de questionnement il n’existe pas de réponse toute faite. Mais de question liminaire à franchement parler je ne m’en suis pas posé très longtemps. Cette fête partait d’une envie. Une envie forte, une envie folle peut-être. Il fallait que ça se fasse, il fallait que cela se passe. Que je les vois toutes et tous qui un jour ou l’autre ont partagé un bout de mon histoire. Que je les embrasse. Les étreigne quelques secondes au propre ou au figuré. Du besoin vital, du tactile sans tactique. Sans doute est-ce là la marque d’une énergie à brûler d’urgence quelle qu’en soit l’empreinte carbone dépensée. Comme de par les sentiers de l’amour les plus beaux trips, les découvertes les plus émouvantes appartiennent aux voyages intérieurs. Le parfum de l’amitié relève de cette même capacité à capter des sentiments pour d’autres indicibles. Je sais, je le confesse on pourra toujours qualifier une telle démarche de pur égoïsme. Ego me absolvo, je me pardonne. En de telles hauteurs, de profondeurs du désir « je m’en balance» disait la chanson…un truc pareil, une telle resucée de quant à soi ressentie à vif je le sens comme une vibration de basse, une frappe de peau de tambour. Justement ce besoin, ce désir immédiat je le sentais dans la chair comme Nougaro sentait pointer la,corne de l’’Espagne dans la sienne. Un truc de cette nature ça se vit sans crier gare, à fleur de peau. Cela résonne en dessous de la ceinture. Point barre de mesure. Ah ! cette foutue mesure dont on m’a rebattu les oreilles, conseiller de la garder, veiller à ne pas la dépasser…sauf que depuis que j’ai écouté Coltrane, Ayler ou même il y a plus longtemps, de façon plus primaire John Lee Hooker avec sa guitare et sa bouteille de whisky en compagnes privilégiées à son pied en fin de Lycée dans une petite salle paroissiale, je sais moi que les mesures se déplacent, se dépassent sans problème.

J’avais pensé convoquer les poètes. Federico Gracia Lorca, tiens pourquoi pas, à propos de l’inspiration, son duende, pour rester en terre ibère : « …La vertu magique du poème consiste à être toujours chargé de duende pour baptiser d’eau sombre tous ceux qui le regardent. Parce que avec du duende il est plus facile d’aimer, de comprendre et l’on est sûr d’être aimé d’être compris…»

J’avais souhaité en faire un rêve, une de ces histoires sans fin dans laquelle on se perd en larmes, rappel plausible de l’Odyssée chère à Homère «…et l’auguste nymphe alla vers Ulysse au grand cœur dès qu’elle eut entendu les ordres de Zeus. Elle trouva le héros assis sur le rivage…sur la mer inlassable il fixait ses regards en répandant des pleurs. S’approchant de lui la déesse lui dit : « Malheureux ne pleure plus ici, et n’y consume pas tes jours. Je suis maintenant prête à te laisser partir…allons coupe de longues poutres et construit un large radeau…je t’enverrai encore par l’arrière un vent favorable pour que tu reviennes indemne en ta patrie…»

J’avais imaginé également des séquences de notes et de rythme en forme de nuages légers divaguants sur l’azur incroyable de ce mois de mai au zéphyr fort peu marri…finalement les musiciens sont venus; ils ont joué de leurs instruments in fine sans besoin de partition. Ils ont improvisé tout de go. Ils m’ont fait ce cadeau ! J’y ai même pu placer ma voix quelque peu serrée au bout de tant et tant de mots lancés, de verres bus. Alors de tout cela, de ce scénario peu écrit à l’avance en définitive, après le souvenir des sons consommés eux aussi sur place il reste finalement surtout des images projetées sur l’écran de mon âme, de mon cœur.

Celles là, dans un désordre jouissif, je les offre en partage. À la merci d’un grand merci à toutes et tous.. Elles/Ils se reconnaîtront.

Robert Latxague

Et si l’envie vous tenaille vous pourrez toujours aller du côté de YouTube/ Robert Latxague pour trouver une partie de cette drôle d’histoire contée en image…Gracias, Tank you, Merci fort, Milesker, Dziękuję bardzo !

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