Chronique CD : Arnaud Dolmen-Léonardo Montana

LéNo

Arnaud Dolmen (batterie), Léonardo Montana

Samara Production & Quai-Son Records ( L’Autre Distribution)

On ne le voit pas, on ne le sait pas forcément. Il se pourrait bien qu’il y ait pourtant concomitance entre le vocable des deux premiers titres (Les Invisibles 1 et 2) de cet album inédit au niveau du trio et les influences qui nourrisssent deux musiciens ancrés, une part de leur vie, dans les terres volcaniques de la Guadeloupe. Un melting-pot de rythmes intenses et lignes mélodiques savantes puisées dans le courant certes peu connu du «gwo ka», musique traditionnelle de l’île,des Antilles françaises, dévelopée, mise à jour, actualisée par un musicien référence, Gérard Lockel ( voir l’interview explicite ci jointe d’Arnaud Dolmen ) Si l’on y ajoute la prégnance du chant, l’appel sous jacent à la danse on tient là dans cette première discographie un mode d’expression, la fenètre d’un univers sonore polysémique très personnel partagé à deux. A parts égales.

Un duo qui, il faut le dire, recèle dans la richesse d’expression les qualités, la complémentarité, la dimension d’un orchestre ( Hey cousin) Pour le reste ils l’affirment, ils le démontrent instrumentalement parlant, c’est bien à du jazz que l’on a affaire. De l’ecriture pour les bases, de l’improvisation pour les développements avec en bonus offert le piment du sens de l’exploration harmonique (Léo Montana, prosélyte du genres’en régale visiblement) et de l’aventure dans le glissement des structures musicales. Pas tout à fait un hasard si, à ce propos, le cocktail servi dans Zouky Monky fait appel aux couleurs fortes, contrastées du sieur Thélonious, judicieusement frappées par les vapeurs sucrées salées du zouk, musique autant que danse populaire encore dans l’île papillon. De la même manière la référence à Max Roach, Antonio Sanchez et Brian Blade pour la batterie, Herbie Hancock outre Monk pour ce qui concerne le piano offre les perspectives, qualifie les chemins inventifs empruntés par le duo « orchestral» À ce titre la mécanique rythmique ne se départit jamais de traits mélodiques tirés en feux d’artifice tout au long du titre éponyme développé au final en mode d’hymne, de rituel vocal (LéNo)

Cet album qualifié de produit «d’orchestre joué à deux» vit dans l’effervescence musicale, l’échange jouissif, fruit d’une chair très juteuse innervée de parfums jazz autant que d’air caraibe.

Robert Latxague

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